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« Sonya a probablement l’âge de Jim, à peu de chose près, même s’il n’oserait jamais dire une chose pareille. Quand on devine l’âge d’une femme, il vaut mieux enlever au moins une décennie. Ou mieux encore – la fermer, c’est tout. »
« Vigo roula l’emballage de ces croissants, le jeta au bas des marches puis observa les passants qui déviaient pour éviter le maigre obstacle. Amusante cette manière d’agir sur les courbes de vie sans le moindre effort. Là, cette femme avec son sac rouge. Hop ! un pas de travers à cause de la boulette. Une demi-seconde dérobée à sa matinée. Une action qui allait se répercuter sur des milliers de gens, des milliards d’atomes. Elle allait croiser d’autres personnes que celles initialement prévues –prévues par qui ?–, influer inconsciemment sur leur rythme, leur comportement. L’air se déplacerait d’une façon différente, les odeurs aussi, de timides molécules olfactives donneraient soudain l’envie au buraliste du coin de fumer et donc de servir un client 5 secondes plus tard. Pressé, plus nerveux, l’homme roulerait un peu plus vite au retour. Pas grand chose, peut être 1 km par heure supplémentaire. Son attitude jouerait sur une infinité de trajectoires, de comportements, qui eux-mêmes … »
« J’ai regardé James avec dans l’œil le plein de bonté parce qu’ils faut toujours montrer au con qu’il est un con plein de bon sens. Le con est un animal grégaire qui aime à être rassuré par des mots simples qu’il pourrait lui-même assembler jusqu’à pondre une phrase sensée. Et comme on ne traite pas un con de con sans un minimum d’indulgence, j’ai accompagné la suite de mon laïus d’un petit sourire bienveillant. »
« Mes sens ont été assaillis par l’odeur viciée de l’endroit : transpiration, lubrifiants et fluides corporels indéterminés se mélangeaient et supplantaient les effluves de désinfectant industriel. […] L’homme était grand. […] Il tenait une laisse en cuir noir au bout de laquelle était attachée une femme mince, vêtue de cuir des pieds à la tête. Seuls ses yeux étaient visibles, nous scrutant dans la fente de la cagoule. Sa bouche était dissimulée derrière une fermeture Éclair. Elle se tenait voûtée, se traînant derrière lui à petits pas irréguliers, comme si elle était blessée. »
« Toulouse, périphérique, sortie 16. Les trois témoins de l’exécution de sang-froid d’une joggeuse deviennent les cibles du tueur en série. Pris au piège d’un stratagème macabre, ils sont menés dans un jeu de piste au bout duquel ils n’ont qu’une chose à perdre : la vie. »
« Les nanomachines dans le corps de Jack avaient apparemment senti la présence de celles qui se trouvaient dans la grosse tête morte d’Ed, à l’intérieur du sac Adidas. L’hôte n’avait pas besoin d’être vivant. Il suffisait que les [nanomachines] soient présentes à moins de trois mètres. »
« Hadès pencha la tête sur le côté. Ses cornes frémirent, s’allongèrent et dessinèrent des sourires pervers au sein des volutes d’encens.
– Toi ? Tu tuerais ta sœur ?
– Nous n’avons pas à mourir tous les deux.
– Ariel ! Ils ne nous laisseront pas vivre de toute façon !
– […] Je tente ma chance. Donnez-moi ce putain de couteau. Je le ferai…
Les mains tordirent ses bras dans son dos. On la redressa pour exposer sa gorge. Les individus qui tenaient Ariel le lâchèrent. […] La cloche tintait comme une folle, un pouls proche de l’orgasme, dans la lumière entièrement rouge désormais.
– Donne-nous notre meurtre. Divertis les dieux.
Il tendit la lame à Ariel. »
« Sous les climats humides, un cadavre se décompose vite. Le corps gonfle. La peau se relâche et part en lambeaux. Les cheveux et les poils tombent. La graisse et le muscles se liquéfient. Les viscères éclatent. Si le mort se trouve en position verticale, le rectum, par exemple, peut descendre, se détacher de l’anus. À un moment donné, […] le corps explose. »