« Glen Affric » – Karine Giebel

« Il regarde les cicatrices de la prison, toujours visibles.
Indélébiles.
Il songe à Achour, à Nanosh. C’est con la vie, hein John ?
– La mort, c’est encore plus con…
Pourquoi emporte-t-elle tous ceux qu’il aime, comme s’il la semait autour de lui ? »

« Quarantaine » – Peter May

« La scène qu’il découvrit en bas était inimaginable. Des milliers de corps nus allongés à perte de vue sur des palettes de bois, jetés en tas comme des mannequins dans une usine de poupées, bras et jambes entremêlés, étrangement lumineux, à peine humains. Les vapeurs de désinfectant masquaient les détails […]. Des zombies en combinaison de protection bleue, sans visage derrière leur visière en plastique teinté, évoluaient au ralenti entre les volutes de fumée, à la façon des astronautes sur la Lune, sortant les cadavres des fourgnons pour les empiler sur de nouvelles palettes. »

« Chambre froide » – David Koepp

Par le scénariste de « Jurassic Park » et « La guerre des mondes » : ça remue…

« Sœurs » – Bernard Minier

« Il contacta sa fille sur Skype ce soir-là. Elle apparut sur l’écran, son bébé dans les bras. Servaz ne s’était toujours pas habitué à ces technologies qui permettaient de relier Toulouse à Montréal et d’entrer dans l’intimité de chaque foyer, qui rapetissaient le monde au point de lui ôter une bonne partie de sa magie. Il y voyait un progrès mais aussi un terrible danger –celui d’un monde sans murs, sans portes, sans recoins où se cacher, sans possibilités de penser à l’abri du bruit et des injonctions. Un monde livré à l’instantanéité, au jugement des autres, à la pensée unique et à la délation, où le moindre geste s’écartant de la norme vous vaudrait d’être suspect et par suite accusé, où la rumeur et les préjugés remplaceraient la justice et la preuve, un monde sans liberté, sans compassion, sans compréhension. »

« Le silence » – Dennis Lehane

« Ils sont pauvres parce que la quantité de chance qui circule dans ce monde est limitée et qu’ils n’en ont jamais reçu la moindre part. Si la chance n’atterrit pas en plein sur vous quand elle tombe du ciel, si elle ne vous trouve pas sur son chemin quand elle se réveille le matin et qu’elle se met à chercher quelqu’un à qui elle va s’attacher, vous ne pouvez rien y faire. Il y a bien plus de gens dans ce monde qu’il n’y a de parts de chance, alors ou bien vous êtes au bon endroit au bon moment, à la seconde même où la chance fait son apparition – une seule fois et pour ne plus jamais revenir. Ou bien vous n’y êtes pas. Et dans ce cas… »

« Pour seul refuge » – Vincent Ortis

« Car le monde appartenait au Verbe et il avait été celui qui savait en jouer. Un discours émaillé d’un vocabulaire adapté à son auditoire, modulé par une voix agréable, pouvait vous faire avaler des tombereaux de théories fumeuses. […] Cependant, pour que le charme opère, il fallait […] ne pas regarder par terre où se trouvait cette enfant, les cuisses écartées, violée. »

« Comment braquer une banque sans perdre son dentier » – Catharina Ingelman-Sundberg

« – Bon, je comprends, dit le policier en jetant un coup d’oeil à sa montre. Vous m’avez parlé d’un kidnapping, ça concerne qui ?
– Euh… personne en particulier. Nous avons kidnappé les tableaux du Musée national.
– Ah, c’était dans ce sens-là. Et comment avez-vous fait ?
– Nous les avons décrochés et mis sur le déambulateur
– Oui, oui, je vois. Puis vous les avez emportés chez vous. Avez-vous d’autres délits à signaler ? »

« Chambre 413 » – Joseph Knox

« Il capta son reflet dans la vitre et recula d’un pas, s’éloignant de tout ce qu’il connaissait pour s’enfoncer dans la peur panoramique qui s’ouvrait devant lui. »