Catégorie : Lemaitre

« Le Serpent majuscule » – Pierre Lemaitre

« Dites-moi ce que vous avez vu dans le parking du centre commercial, je vous prie.
– Je n’étais pas dans le parking, j’étais dans un magasin.
– Et de là vous avez entendu les détonations ?
– Non, ça, c’est depuis le parking.
Vassiliev plisse les yeux, il a du mal à saisir.
– Je sortais d’un magasin pour descendre reprendre ma voiture quand j’ai entendu les explosions, mais je n’ai rien vu, vous comprenez ?
– À peu près.
– Tant mieux.[…] »

« Cadres noirs » – Pierre Lemaitre

« Le combat ne commençait pas à mon avantage. Tous les autres me regardaient, les bras croisés. L’humiliant, ce n’était pas seulement d’en prendre plein la gueule comme ça, dès le premier pas ; d’une certaine façon, c’est ce qui m’arrive en permanence depuis mon premier jour de chômage. Non, l’humiliant, c’était d’être la victime d’un événement prévisible pour tout le monde, sauf pour moi. Le gars qui a pillé tout ce que j’ai a simplement été le plus rapide de tous ceux qui m’attendaient. […] Je remarque d’ailleurs qu’ensuite, j’ai fait comme les autres : j’ai croisé les bras en assistant au spectacle. »

« Travail soigné » – Pierre Lemaître

Attention, l’extrait qui suit va vous faire mal aux yeux, si ce n’est ailleurs. Cachez les enfants… « Pour le reste, la jeune personne a été étranglée à mains nues après que je l’eusse sodomisée très violemment à l’aide d’un chausse-pied. Quant à la mention des mutilations, elle aussi bien vague, j’ai choisi de faire d’une pierre deux doups en choisissant ce chausse-pied qui a, je crois, convenablement détruit les muqueuses et répandu peu de sang. »

« Robe de marié » – Pierre Lemaître

« Ce matin, Sophie s’est rendue à l’enterrement de sa chère collègue. Elle était habillée en noir. En la voyant ainsi sortir de chez elle, tout en noir, je l’ai trouvée jolie, pour une future morte. »

« Verhœven » – Pierre Lemaitre

Camille se tourne vers le chef Langlois et enchaîne, sans attendre la réponse :« Moi, ce qui me surprend, c’est qu’on veuille faire avouer un type en lui versant de l’acide dans la gorge. On voudrait le faire taire, je pourrais comprendre, mais pour le faire parler… » Ça le libère, le chef Langlois. Le garde-à-vous semble s’assouplir, comme s’il oubliait un instant de le maintenir, il va même jusqu’à se permettre un petit clappement de bouche assez peu réglementaire. Camille hésite à le rappeler à l’ordre mais dans son plan de carrière, le chef Langlois n’a certainement pas choisi l’option humour.

« Au revoir là-haut » – Pierre Lemaitre

[…] Un requiem sombre et brûlant que sert une écriture splendide, dure, efficace comme un coup de poing en pleine figure.
(François Busnel, L’Express)