Catégorie : 2022
« Il pose la frêle menotte sur sa verge gonflée à bloc. Émilie en a un haut-le-cœur. Les paupières fermées, elle tente de s’évader dans un monde meilleur.
– et tu vas tout bien aval… hck…
[…] Émilie sent sa poigne mollir en symbiose avec la turgescence au creux de sa paume. […] Il fixe le plafond d’un œil vide. Immobile, il débande tranquillement. Le seul mouvement encore possible, alors qu’un couteau à saucisson vient de lui sectionner les cervicales.
»
« Elle traversa d’autres souvenirs fiévreux. Ils étaient tous là. Les monstres humains, pédophiles et assassins, qu’elle avait traqués tout au long de sa vie. Ceux qu’elle avait mis en prison, et ceux, aussi, qu’elle avait abattus au terme d’une interpellation difficile. Parmi eux, elle reconnut la silhouette brisée de [la] cruelle prédatrice affrontée jadis, son corps à présent fripé et contrefait, guettant son heure à quatre pattes, un masque de porcelaine taché de sang abritant ses traits hideux. Et tous les autres criminels. Terroristes. Illuminés. »
« Là, dans cet ancien sanatorium devenu refuge, posé au milieu de quatre-vingts hectares de verdure, des flics comme des maisons en ruine, hommes et femmes en lambeaux, étaient accueillis, le temps d’y sevrer une addiction, d’y apaiser une dépression, d’y oublier l’accumulation d’événements traumatiques qui font une carrière, même courte. Du sang partout sur leurs souvenirs, de la peur non évacuée, persistante dans l’organisme, des gamins abattus pour une mauvaise parole, des mots inconnus encastrés dans des voitures, les familles qui vont avec, leurs regards, leurs reproches qui cherchent un responsable, des pièges tendus à la nuit tombée, des collègues morts pour la France ou pour pas grand-chose, une minute de silence pour leur dire au revoir et passer au drame suivant, sur une toile de fond d’insultes au quotidien, d’absence de considération, d’insécurité, de vies de familles brisées, d’ultra-violence devenue ultra-banale, ceux et celles qui avaient souvent plongé le regard au fond du canon de leur arme de service tentaient ici de retrouver un souffle, un peu de confiance, un peu d’espoir, une renaissance, avant de repartir au feu. »
« Elle conseillait son bourreau, discutait avec son kidnappeur, lisait les livres d’un tueur. Un jour, elle avait même ri à une de ses anedcotes, et ça lui avait déchiré le ventre. Elle s’en était voulu des semaines durant. »
« L’étudiant hésita, puis alla baisser le store de la fenêtre, installan t une légère pénombre dans la chambre.
– Je devrais vous mettre dehors et faire comme si je ne vous avais jamais vue, mais, au fond, moi aussi j’ai envie de savoir ce qui s’est passé. Ce que l’autre Lysine est devenue. »