Traduit de l’italien par Anaïs Bokobza
Premier roman de l’auteur, prix SNCF du polar (c’est possible).
En première impression, peu de temps après l’avoir fini, ce thriller policier me laisse… dubitatif, c’est le meilleur qualificatif que je parviens à lui coller.
Ce n’est pas le style qui est en cause : rien à reprocher, quoique les premières pages fissent des promesses qui s’estomperont ensuite. Par exemple :
Un cercle de petites fosses. Et une trentaine d’hommes en combinaison blanche qui creusaient dans cette lumière halogène et martienne, munis de petites pelles et de pinceaux […] Leurs gestes étaient précis, calibrés, hypnotiques, enveloppés dans un silence sacré, violé de temps à autre par l’explosion des flashes.
Les enfants ne voient pas la mort. Parce que leur vie dure une journée, du réveil au coucher.
Mila fit un pas en arrière. Craignant de se sentir exclue, elle s’exclut toute seule.
Le mot le plus demandé dans les moteurs de recherche est « sexe ». Le second est « Dieu ». Et chaque fois que Goran y pensait, il se demandait pourquoi on allait chercher Dieu sur Internet.
Au-delà du style : l’histoire, l’intrigue, le scénario. D’une part, ça commence très fort et ça prend même rapidement de l’ampleur. D’autre part, la ligne thématique, si elle n’apparaît que très progressivement pour finir en apothéose, est en elle-même perturbante, percutante. De plus, cette ligne thématique (« les chuchoteurs », je ne vous en dirai pas plus) est plutôt bien traitée et donnera aux policiers beaucoup de fil à retordre.
Et pourtant, il y a plusieurs trucs qui surviennent dans l’histoire et qui me dérangent. Plus que des scènes : des éléments d’action complets, en rapport direct avec le thème, réalistes, mais qui statistiquement ne devraient pas tous trouver leur place. Peut-être l’auteur ne les a-t-il pas suffisamment justifiés, présentés ; peut-être la somme des coïncidences m’a-t-elle paru un peu trop énorme. Dans tous les cas, comme je l’écrivais en introduction, il me semble que l’auteur est allé un poil trop loin dans le traitement de son thème…
Ça reste un bouquin que j’ai dévoré jour et nuit, et les remerciements finals de l’auteur sont une belle récompense. Attention, la lectrice croisée à la librairie qui me l’a recommandé m’a également dit : « du coup, les autres romans de cet auteur ne sont pas à la hauteur ».