Dans cette BD, pendant plus d’une année Etienne Davodeau est allé travailler dans les vignes et dans la cave de Richard Leroy. Lequel, en retour, s’est plongé dans le monde de la bande dessinée. Ils se sont baladés, à la rencontre d’auteurs et de vignerons passionnés par leur métier.
« Il me donna un coup de pied dans le flanc avec ses chaussures de chantier. J’eus une seconde pour sentir mon bras droit et plusieurs côtes craquer avant qu’il ne me relève violemment et m’asène un direct en pleine face avec son poing de géant. Je sentis mon nez s’aplatir et plusieurs dents se briser. […] J’avais de la pisse qui me coulait sur la jambe, de la merde qui s’expulsait comme elle voulait, du sang plein les yeux. »
« Sid me saisit par les cheveux, souleva ma tête de la moquette et me força à regarder.
– Vise un peu « Sans-Couilles »
Je clignai des yeux, battis des paupières. Celuis qu’il appelait « Sans-Couilles » […] avait fourré Frank Sinatra dans un mixeur. Le gros mixeur jaune que Frank n’aimait pas.
– Frank !
Sid regarda « Sans-Couilles » et éclata de rire.
[…]
Le mixeur bascula à terre. Il tourna un moment et Frank émit un glapissement atroce. »
Une nouvelle enquête de l’inspecteur Thomas Andreasson et de Nora Linde, le duo créé par Viveca Sten et qui a inspiré la célèbre série Meurtres à Sandhamn diffusée sur Arte
« Il regarde les cicatrices de la prison, toujours visibles.
Indélébiles.
Il songe à Achour, à Nanosh. C’est con la vie, hein John ?
– La mort, c’est encore plus con…
Pourquoi emporte-t-elle tous ceux qu’il aime, comme s’il la semait autour de lui ? »
« La scène qu’il découvrit en bas était inimaginable. Des milliers de corps nus allongés à perte de vue sur des palettes de bois, jetés en tas comme des mannequins dans une usine de poupées, bras et jambes entremêlés, étrangement lumineux, à peine humains. Les vapeurs de désinfectant masquaient les détails […]. Des zombies en combinaison de protection bleue, sans visage derrière leur visière en plastique teinté, évoluaient au ralenti entre les volutes de fumée, à la façon des astronautes sur la Lune, sortant les cadavres des fourgnons pour les empiler sur de nouvelles palettes. »
Par le scénariste de « Jurassic Park » et « La guerre des mondes » : ça remue…
« Il contacta sa fille sur Skype ce soir-là. Elle apparut sur l’écran, son bébé dans les bras. Servaz ne s’était toujours pas habitué à ces technologies qui permettaient de relier Toulouse à Montréal et d’entrer dans l’intimité de chaque foyer, qui rapetissaient le monde au point de lui ôter une bonne partie de sa magie. Il y voyait un progrès mais aussi un terrible danger –celui d’un monde sans murs, sans portes, sans recoins où se cacher, sans possibilités de penser à l’abri du bruit et des injonctions. Un monde livré à l’instantanéité, au jugement des autres, à la pensée unique et à la délation, où le moindre geste s’écartant de la norme vous vaudrait d’être suspect et par suite accusé, où la rumeur et les préjugés remplaceraient la justice et la preuve, un monde sans liberté, sans compassion, sans compréhension. »